Faut-il baiser le premier soir ?

explicit

« Je suis l’orgasme réprimé de Jack »

Question récurrente. Le plus souvent pour les femmes. Même si les hommes ne me semblent pas épargnés, aucun de mes potes ne m’a jamais posé la question ; pour ce qui est des amies, c’est différent. C’est regrettable, mais c’est ainsi. A partir de maintenant, je considère donc qu’on parle d’une problématique féminine. Je pense que c’est une chose qui a été modélisée des dizaines de fois par d’autres. Honnêtement, je ne connais pas la littérature sur le sujet (ni même les séries TV de référence). J’ai néanmoins une ou deux idées sur le sujet avec de la théorie pas très sophistiquée. Un guide pour éliminer des stratégies réputées à tort gagnantes.

Il faut commencer par circonscrire le sujet. Si vous êtes nonne, ne lisez pas, ce serait du temps perdu. Si vous êtes en couple, vous faites ce que vous voulez, mais je ne veux pas être tenu pour responsable de ce que vous ferez après avoir lu ces lignes – sauf si c’est avec moi que vous envisagez de coucher (me contacter en privé).  Bon, procédons avec méthode. Le truc, c’est d’adopter un comportement un brin rationnel. Pour un économiste, ça veut dire maximiser une fonction d’utilité, sous contrainte (pas sous la contrainte, les agressions sexuelles ne sont pas  abordées dans ce texte). On va dire que l’utilité d’une femme (ça marche pour les hommes aussi) sur le marché des rencontres dépend de divers éléments :
- le plaisir sexuel ;
- la durée d’une relation ;
- la qualité générale du partenaire ;
- le niveau de réputation sociale et son estime de soi.

Je ne sais pas si ça capture vraiment tout, mais ça me semble convenable. L’idée, quoi qu’il en soit, c’est qu’il y a souvent un arbitrage à faire entre les différents éléments. Idéalement néanmoins, si on parvient à maximiser tout ça en même temps, c’est parfait. Et pourquoi la question du premier soir se pose-t-elle ? Parce que maximiser son plaisir sexuel, si on le mesure en première approximation par le nombre de copulations, induit de coucher le premier soir.

On va éliminer les cas extrêmes, les « solutions de coin », en somme. Si le partenaire potentiel n’apporte visiblement pas un niveau d’utilité suffisant, en toute circonstance, on ne couche ni le premier soir, ni jamais. Ensuite, il y a les situations où coucher n’apporterait objectivement que plaisir sexuel et réduirait tellement le niveau des autres arguments de la fonction d’utilité qu’il vaut mieux s’abstenir. Ce qui laisse un ensemble de situations où l’arbitrage entre les différents arguments est incertain. De ce point de vue, une problématique fréquente est de savoir qui est l’autre. C’est un problème d’antisélection. Connaître a priori l’intensité du plaisir sexuel qu’on éprouvera avec quelqu’un n’est pas une mince affaire (le coït, c’est un bien d’expérience…). Globalement, autant y renoncer. En revanche, il n’est pas interdit de chercher à savoir si on a affaire à un queutard de passage qui, en termes de durée, de qualité et de réputation aura un impact très négatif sur notre utilité. Pour cela, on est amené à collecter de l’information et à jouer sur des effets de signal. C’est à ce stade que les conneries commencent souvent. On peut se rassurer sur les intentions du partenaire potentiel en écoutant ce qu’il dit. Mais le mensonge est un art fort bien maîtrisé par les mâles en quête de conquêtes féminines. Dire qu’on est fidèle, attentionné, décidé à finir sa vie avec quelqu’un et qu’on adore les chats n’engage à rien et ne coûte que dalle. Voire apporte un gain chez les pervers. C’est du cheap talk. C’est là qu’intervient la première idée fausse : il suffirait de transformer ce cheap talk en quelque chose de coûteux : l’attente.
Tu envoies au bonhomme le signal que tu n’es pas du genre à te donner facilement et qu’il va devoir attendre que vous vous connaissiez plus. Imparable. Le mec qui te saute pas le premier soir et te rappelle le lendemain, il est in love, c’est sûr. Tu l’as enfin trouvé ton prince charmant. Il y a juste un problème avec ça, c’est que tu n’es pas la seule sur Terre. Si tu exclues les véritables cinglés, n’importe quel type, aussi peu intéressé par ta personne à long terme soit-il, pourra attendre la prochaine fois pour passer au pieu. Et tu sais pourquoi ? Parce qu’il a un rencard avec une autre que toi demain soir. Le deuxième rencard avec elle… tu vois ce que je veux dire ? Et après-demain ? Oh, probablement un numéro 3 avec une autre. Et dans trois jours… ah, si j’ai bien suivi, il te revoit pour votre seconde rencontre… Bref, cette stratégie de signal ne fonctionne pas si bien que ça. Certes, il n’est pas exclu que cela fonctionne. Mais rien de sûr, loin de là. Pendant qu’il attend, je te rappelle que toi aussi tu attends et perd des coïts. Pire que ça… imagine qu’il soit en phase complète avec ces lignes et trouve ton attitude stupide. En as tu tenu compte ?

C’est ce qui nous fait  entrer dans une autre dimension du problème : les croyances et les normes. Épineux. Les normes sociales sont ce qu’elles sont : il n’est pas facile pour une grande partie de la gent masculine de ne pas assimiler femme qui couche le premier soir à « salope instable ». On ne se maque pas avec ce genre de nanas, tu penses bien. En couchant le premier soir, tu prends donc le risque de rater LA relation avec le futur père de tes enfants. Flippant. Alors, même si tu es persuadée, admettons à juste titre, que ce garçon est très bien, tu préfères anticiper que ce qu’il attend pour te considérer comme l’élue est que tu ne couches pas trop vite. En somme, tu intègres ses préférences supposées aux tiennes. Bien, bonne décision. Tu t’apprêtes à finir ta vie avec un mec qui a visiblement une conception du monde quelque peu différente de la tienne. Il te trouve géniale, mais si tu couches, tu deviens une grosse merde. Alors, réfléchis 30 secondes… dans ton argument « qualité du partenaire » est-ce qu’il n’y a pas un malaise ? Tu vas attendre pour ça et finir ta vie avec lui ? Alors, si l’envie de forniquer avec lui est si forte, vas-y, point. Ensuite, tu verras bien. S’il se casse le lendemain, effrayé par ton indécente voracité sexuelle, tant mieux. Tu as pris ce qu’il y avait à prendre. Sinon, bingo.

Alors, faut-il baiser le premier soir ? Ma foi, ça dépend de pas mal de paramètres (qui fluctuent au gré des circonstances). Mais deux choses sont certaines. Un, ne pas le faire n’évite pas de se faire avoir par les prédateurs et autres collectionneurs. Deux, ne pas coucher alors qu’on est prête à le faire, pour envoyer un signal positif à des abrutis hommes dont les préférences sont très différentes des siennes, c’est potentiellement s’aliéner. La seule stratégie dominante, c’est d’y aller.

10 commentaires

  1. Logopathe

    Pas convaincu. Le fonctionnement d’une convention sociale comme le « pas coucher le premier soir » n’est pas si simple. Le gars qui se dit « elle couche le premier soir, elle ne cherche donc pas une relation durable » peut faire ce raisonnement sans pour autant condamner moralement sa partenaire. Il part simplement du principe que l’autre connaît la convention, et en tire les conséquences.

    Ne pas coucher le premier soir peut s’interpréter comme un signal disant « je suis partant(e) et disponible pour examiner la possibilité d’une relation durable ». Coucher le premier soir envoyant le signal inverse. Il n’y a pas forcément de connotation morale, juste un code social informant tacitement les participants de la nature de leurs attentes et de leur relation.

    Dans ces conditions, ne pas coucher le premier soir mais uniquement le second reste une stratégie rationnelle. Elle n’élimine pas le danger du connard, mais envoie le bon signal en cas de bonne pioche.

    C’est ce qui explique, à mon avis, le succès persistant de cette stratégie.

    • econojack

      Vous ne m’avez pas convaincu non plus. Vous oubliez les coups perdus qu’on ne rattrape plus, qu’on ne rattrape plus…

      • Logopathe

        Oui, c’est vrai aussi.

        Tout ça est trop compliqué. En fait il vaut mieux ne pas baiser du tout. Je n’ai jamais compris comment un truc qui a un rapport coût/bénéfice aussi évidemment défavorable peut continuer à fonctionner après tout ce temps.

        Quand vous comparez le coût social, financier, humain d’une rencontre conclue à celui d’une branlette; et que vous comparez ce différentiel à celui des satisfactions procurées; franchement y a pas photo.

        Je ne vois qu’une hypothèse: le complot.

        • econojack

          Ça se tient.


  2. Zéro.
    Tout un pan du problème a été occulté.
    Celui qui écrit le texte – l’animalité de Jack ? – est un homme. Et cet homme souhaite manifestement que madame inconnue cède le premier soir. L’optimalité est donc cette cession féminine immédiate. Dès là le biais conclusif était patent.

    • econojack

      Que sais tu de Jack et de ses pratiques, « vieil imbécile », hein ? Crois-tu que Jack ait besoin d’altérer les préférences des dames pour vivre une sexualité et une vie amoureuse épanouie ? Jack exprimait seulement ce qu’un raisonnement rationnel avait à dire à des dames qui s’interrogent sur quoi faire quand leur chatte leur dit « baise » et quand leur cerveau leur dit « as tu pensé à tout ? ». Vieil imbécile, retourne dans le monde sexiste qui est le tien, tu n’as rien à faire ici. Sauf si tu déconnais.

  3. do

    sinon, il y avait les fiançailles: 2 ans pour se connaître, prendre le temps d’êtr vrament sûr de son coup, sur tous les points,
    …et 70 ans avec un orgasme tous les jours, voire plus.
    mais vous faites comme vous voulez.

    • econojack

      « Chacun fait fait fait c’qui lui plaît plaît plaît ». Indeeeeeeeed. Mais que savez-vous de Jack pour lui prêter ou suggérer des intentions ?
      « Je suis le sexe le sexe turgescent de Jack » ne signifie pas « Jack est son sexe turgescent ».

  4. helvete

    « Le truc, c’est d’aborder un comportement un brin rationnel. » Bien. Mais vous oubliez que vous parlez de sexe!

    • econojack

      Lisez l’article suivant.

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